Article N° 7911

Fluorouracil

Retour d’information sur le PRAC* : le phénotypage du déficit en dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD) par la mesure du taux d’uracilémie doit être interprété avec prudence chez les patients présentant une insuffisance rénale modérée ou sévère

Abderrahim DERRAJI - 15 septembre 2024 08:02

Le 5-fluorouracile (5-FU) est un médicament utilisé pour traiter divers cancers, comme ceux du côlon, du pancréas, de l'estomac, du sein, de la tête et du cou. Cependant, il peut provoquer des effets secondaires graves chez certains patients. Ces effets sont souvent liés à un déficit de l'enzyme dihydropyrimidine déshydrogénase (DPD), qui dégrade la thymine et l'uracile. Les patients avec un déficit en DPD risquent une toxicité sévère, voire mortelle, lorsqu'ils sont traités avec du 5-FU ou des médicaments apparentés.
 

Pour minimiser ces risques, un dépistage de la déficience en DPD est recommandé avant de commencer un traitement au 5-FU, bien que la méthode de test optimale fasse encore l'objet de débats. En France, ce dépistage est obligatoire. Les patients avec un déficit complet en DPD ne doivent pas recevoir ces médicaments en raison du risque de toxicité mortelle. Quant à ceux présentant un déficit partiel, ils doivent commencer par une dose plus faible, avec des ajustements possibles en fonction de la tolérance au traitement, bien que l'efficacité des doses réduites n'ait pas été confirmée.
 

Une mise en garde particulière s'applique aux patients souffrant d'insuffisance rénale modérée ou sévère, car leur taux d'uracilémie peut être élevé, ce qui complique l'interprétation des tests de dépistage du déficit en DPD. L'insuffisance rénale peut donc fausser les résultats et mener à une sous-estimation du déficit en DPD, ce qui risque de réduire l'efficacité du traitement si les doses sont mal ajustées. Ainsi, les résultats doivent être interprétés avec précaution chez ces patients.

 

Une lettre sera bientôt adressée aux professionnels de santé en France pour les sensibiliser à ces risques d'erreur lors de l'interprétation des tests chez les patients atteints d'insuffisance rénale. En France, les autorités, dont la Haute Autorité de santé (HAS) et l'Institut national du cancer (INCa), sont en train de réévaluer les recommandations nationales sur ce sujet afin d'améliorer la sécurité des traitements à base de 5-FU et de ses dérivés.
 

*PRAC : Comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA)

Source : ANSM